Description du projet
Initialement, le projet s’intitulait : « Mots pour maux, paroles de réfugiés ». Son objectif était de raconter la trajectoire de jeunes qui ont pris la route de l’exil seuls, enfants et adolescents, ceux que l’on nomme les « mineurs non accompagnés ». Alors qu’on ne parle que de crise migratoire et de « flux de migrants », le but était de partir à la rencontre de personnes, d’individualités, pour raconter ces jeunes, leur donner chair, une voix et un visage, et qu’ils soient incarnés dans un ouvrage qui retracerait leur récit.
Je suis partie six mois sur les routes de la Méditerranée, en Grèce, en Turquie, dans le Kurdistan turc, en Jordanie et à Chypre. J’ai pris le temps de l’immersion, le pari de l’intégration sur place, pour passer le plus de temps possible avec mes interlocuteurs, et partager un peu de leur quotidien.
Comment on avance, lorsqu’on débarque dans un pays inconnu sans sa famille, sans mentor pour nous guider ? Comment on se construit, à 14 ou 15 ans, et qu’on vit dans un camp de réfugiés ? Est-ce qu’on grandit encore, ou est ce qu’on survit ? Comment gérer l’exil, dans quelle langue raconte-t-on l’absence ? Est-ce qu’on a encore des rêves ?
Biographie de la lauréate
Je suis petite-fille de la Méditerranée : mes grands-parents ont fui la Sicile pour se réfugier en Tunisie, leurs propres enfants ont quitté Tunis pour Marseille. Dans ma famille, on plaisante en sicilien et s’énerve en dialecte tunisien, notre langue est aussi multiple que le sont nos origines. Forte de cet héritage, après une expérience de journaliste à Paris, j’ai pris la route du sud, pour partir m’installer à Chypre, carrefour au cœur de la Méditerranée. J’ai travaillé comme médiatrice culturelle dans un foyer pour mineurs isolés et jeunes réfugiés pendant un an et demi, avant de me lancer dans la bourse à projet Marc de Montalembert.
Résultat du projet
Le projet « Mots pour Maux » allie écriture et actualité : un an après mon départ, alors que les frontières européennes ne cessent de se clore, que les législations se durcissent, la question des mineurs vulnérables reste brûlante.
Suite à mes immersions de terrain, j’ai écrit un ouvrage, « Le vertige des acrobates », qui relate les histoires de tous ces adolescents croisés sur la route de l’exil. Pourquoi les « acrobates » ? Car ils m’ont fait penser à de petits funambules, toujours sur la corde raide, en proie au vertige, avançant à l’aveugle, mais avançant quand même. Un pas devant l’autre, un mot après l’autre.
Grâce à la bourse Marc de Montalembert, j’ai pu retranscrire leurs mots, leurs histoires. Tout ce qui a été écrit et consigné dans ce roman est réel, s’est déroulé, sans édulcoration. Ce livre leur donne la parole, agit comme un « haut-parleur » pour nous permettre de tendre l’oreille et d’apprendre de leur résilience et leur courage hors-normes.
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