2020 | WAQF, liens de familles palestiniennes à leurs terres | Nationalité: France Catégorie: Arts visuels |
---|---|---|
Description du projet
C’est en 2017, lors d’un voyage à Amman pour rendre visite à mon ami Mustapha, que je découvre l’existence du waqf. Farid Fakhreddine, l’oncle de Mustapha, originaire de Naplouse, me raconte que de l’autre côté de la frontière existent des terres appartenant à sa famille depuis des siècles, régies sous la loi du waqf. Le waqf (ou habous au Maghreb) désigne, dans le droit islamique, une donation faite par un particulier à une œuvre d’utilité publique ou à un ou plusieurs autres particuliers. Le bien devient alors inaliénable. Forcé de quitter la Palestine pour la Jordanie au moment de la guerre des Six Jours (1967), il me parle des limites et des possibilités qu’offre le waqf, de la conception même de cet acte qui prend le nom de waqfiyya une fois mis à l’écrit. Rédigé à la main sur un parchemin d’après un témoignage oral, ce document contient les indications géographiques permettant d’accéder aux terres acquises. À la fois témoignage, document officiel et carte, mon travail de recherche tend à questionner comment rendre compte des frontières définit dans un tel document. Mon travail prend appui, d’abord, sur l’étude d’un waqfiyya qui est à la fois l’acte juridique et la carte sur lequel sont détaillées les bordures de chaque terrain. Je me rends sur les lieux afin de les photographier. Les images produites documentent la situation actuelle des parcelles. Je me mets ensuite en quête des propriétaires, des héritiers ou des habitants des parcelles. Les rencontres photographiées ou filmées, constituent une nouvelle strate documentaire révélatrice de la complexité de la situation, à la fois drame intime et collectif. Confronter le témoignage, la carte et la réalité topographiques des frontières est devenue pour moi une priorité dans ma recherche documentaire. À la fois carte et preuve de l’acquisition, le waqfiyya se transmet ensuite précieusement au sein de la famille. Biographie Conscient de l’impact des images, j’ai étudié le cinéma pendant 3 ans à l’Université de Strasbourg. J’ai ensuite été diplômé de l’École Supérieure des Arts le Septantecinq à Bruxelles. J’ai ensuite complété ma formation par l’obtention d’un master à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles. Mes travaux de recherche et de création sont des enquêtes qui sont un assemblage poreux de forme toujours en lien à l’ancrage. Une volonté documentaire de redéfinir la notion du sol. Résultat du projet Grâce au soutien de la Bourse Marc de Montalembert, le projet »Waqf » a pu voir le jour en 2022 sous la forme d’une série documentaire complexe, rassemblant une quarantaine de photographies, quatre films et une vingtaine d’archives. Le projet se découpe en trois parties qui peuvent être montrées et agencées de manière indépendante afin de questionner la question de l’exil, du document et du territoire de différente manière selon les espaces mis à disposition pour le projet. Le projet permet, en s’activant par différentes méthodes de curation de raconter correctement l’histoire de l’exil palestinien au travers de l’héritage de la famille Fakhreddine. L’œuvre travaille à faire croître les documents, les informations, les perceptions sur ces terrains ; en quelque sorte les faire voir et parler, et révéler ainsi leur complexe épaisseur de vie. Les résultats de ce projet ont été exposés en avril 2023, à la Fondation Marc de Montalembert à Rhodes (Grèce), à IRIS ARLES (Arles, France) d’avril à mai 2023 ainsi que à Image Festival Amman, en Jordanie, en mai 2023 en partenariat avec l’Institut français de Jordanie. |