2013 | Art et archéologie du monde méditerranéen médiéval à travers la correspondance et les archives photographiques de Ugo Monneret de Villard | Nationalité: Italie Catégorie: Histoire de l’histoire de l’art |
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Description du Projet:
Ugo Monneret de Villard (Milan 1881 – Rome 1954) a d’abord reçu une formation d’ingénieur à l’École Polytechnique de Milan. Élève de Camillo Boito, il se passionna très tôt pour le Moyen Âge et les grands débats contemporains sur la critique artistique, la méthode archéologique, l’esthétique et l’architecture. Plongé dans le milieu positiviste des ingénieurs, mais gagné précocement par la fascination de l’Orient, il séjourna souvent à Vienne où il découvrit les théories révolutionnaires de Josef Strzygowski quant à l’origine orientale de l’architecture médiévale, puis en Grèce et en Dalmatie, ainsi qu’à Constantinople, à la recherche des monuments-clefs pour une meilleure compréhension de ce phénomène artistique. C’est pour la même raison qu’il revint enfin en Lombardie, où il se voua à la topographie et à la recherche archéologique et philologique. Au début des années vingt, en pleine époque coloniale, il put finalement poursuivre ses intérêts pour les arts de l’Orient en tant que chargé des missions archéologiques par le Ministero Affari Esteri en Égypte. Il collabora ainsi avec le gouvernement italien sous le fascisme, alors qu’il était également en contact avec des antifascistes tels que Giorgio Levi della Vida ou Umberto Zanotti Bianco. Avec ce dernier, Monneret démarra un ambitieux projet de promotion des études d’art islamique en Italie. Ce projet, chargé d’engagement éthique, dévoué à la protection du Patrimoine de l’Italie méridionale, était conduit hors des circuits institutionnels, lesquels étaient plutôt orientés vers l’exaltation de la romanitas, en pleine syntonie avec les politiques impérialistes conduites par Mussolini. Monneret inaugura sa réflexion sur l’art islamique de l’Italie méridionale durant les années trente, parallèlement à l’exploration du richissime patrimoine des monuments chrétiens et islamiques de l’Égypte, du Soudan et de l’Éthiopie, dont l’archéologue étudiait les « échanges réciproques, quotidiens et profonds ». Pendant la même période, Monneret voyagea également en Iran à la découverte de l’art persan. À la fin de la décennie il rentra en Italie et s’établit à Rome. Physiquement souffrant, il était pourtant riche d’une expérience de terrain et d’un bagage culturel extraordinaires, qu’il mobilisa pour la rédaction d’ouvrages concernant des domaines très différents en apparence, mais pourtant très souvent reliés par le fil rouge des rapports entre Orient et Occident tout au cours du Moyen Âge. Entre autres, la fascination pour les déclinaisons méditerranéennes des arts de l’Islam allait trouver sa réalisation la plus significative dans le livre consacré aux pitture musulmane du plafond de la Chapelle Palatine de Palerme (1950), alors que sa grande œuvre, le Catalogo opere d’arte islamica in Italia, devait rester inachevée et inédite. Parmi son immense production bibliographique (près de 270 titres), ses œuvres consacrées à l’archéologie islamique, aux monuments chrétiens de l’Égypte, à l’art de la Sicile ‘musulmane’ et aux relations entre l’Europe et l’Islam au Moyen Age demeurent des jalons incontournables. Le but du projet est une mise en perspective critique du profil scientifique de Monneret de Villard à travers une analyse considérant autant ses œuvres publiées que les documents inédits, et notamment sa correspondance ainsi que ses archives scientifiques et photographiques. Ceci permet de retracer la formation du savant et l’évolution de ses approches théoriques et de ses méthodes de terrain, en relation avec les contextes historiques et culturels, les conditions matérielles de son travail et ses rapports avec les institutions italiennes et étrangères. Itinéraires biographiques et résultats scientifiques ne font pas abstraction des grands événements historiques : à travers la figure de Monneret de Villard, il est possible d’apporter un nouveau regard sur l’histoire de l’archéologie et sur l’histoire de l’histoire de l’art durant la première moitié du xxe siècle, en lien avec la question du rapport entre savoir et pouvoir à l’époque coloniale. Biographie de l’Auteur: Silvia Armando est titulaire d’un diplôme universitaire en Conservation du Patrimoine Culturel et d’un doctorat en Histoire de l’Art (Università della Tuscia, Viterbo). Elle a enseigné l’Histoire de l’art musulman à l’Université d’Urbino et donné des séminaires auprès de la Sapienza – Università di Roma, de l’Università degli Studi di Bologna, et de la King Saud University de Riyadh. Ses principaux domaines de recherche sont les échanges culturels de la Méditerranée médiévale (avec une attention particulière pour la culture matérielle de la Sicile entre le xi<sup>e</sup> et le xiii<sup>e</sup> siècle) et l’historiographie des arts de l’Islam (xix<sup>e</sup> et xx<sup>e</sup> siècle). Elle a été boursière San Paolo à l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) en 2007-2008 et a obtenu le <i>Margaret B. Ševčenko Prize for Best Article on Islamic Art </i>en 2011. Sa thèse de doctorat soutenue en 2012 portait sur les ivoires dits ‘siculo-arabes’, et elle mène actuellement un projet interdisciplinaire sur le même sujet au Metropolitan Museum of Art de New York. Résultat du projet:
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